09 octobre 2008

Du côté des sciences médicales : Action de la fumée de tabac dans notre cerveau

Le docteur Joëlle Visier, tabacologue et nutritionniste supervise l’ensemble des questions médicales et scientifiques à l’OFT. Elle partage avec vous ses connaissances sur l’effet de la nicotine sur certains récepteurs du cerveau et sur le rôle de la dopamine dans le circuit de récompense.

Vous pouvez télécharger le document et l’imprimer pour l’étudier avec les élèves dans vos classes de sciences !

La fumée du tabac qui contient environ 4000 composés est nocive puisqu’elle intoxique tout notre corps à partir du monoxyde de carbone et des goudrons que le fumeur inhale chaque fois qu’il tire sur une cigarette. Cela est bien connu et explique la plupart des maladies liées au tabagisme.

Ce que l’on sait moins, c’est que la nicotine, elle aussi contenue dans la fumée, arrive très rapidement dans le cerveau d’un fumeur et déclenche toute une cascade de réactions dans certaines populations de neurones.

Eh oui, dans notre tête près de 100 milliards de neurones (cellules du cerveau) s’activent et se parlent en captant et en analysant toutes les informations que nous recevons afin d’agir et d’avoir un comportement adapté à notre environnement.

Cette sacrée Nicotine arrive sur des neurones particuliers qui ont sur leur surface une sorte de marque qu’on appelle récepteur. Elle reconnaît cette marque et va s'encastrer parfaitement à cet endroit, comme une clé dans la bonne serrure. A partir de cette fixation sur le récepteur, le neurone concerné va parler en « langage neurone » et va libérer une substance appelée dopamine qui aboutit à une sensation agréable passagère que connaît bien le fumeur.

La dopamine existe à l’état naturel dans notre cerveau et est libérée lorsque l'on ressent un bien-être et du plaisir, par exemple quand on rencontre la personne qu’on aime.

Malheureusement la nicotine stimule ces neurones d’une façon violente et excessive qui parasite la libération normale de la dopamine et conduit à une modification de ces récepteurs au cours du temps.
La présence régulière et répétée de la nicotine perturbe profondément ces récepteurs à la surface des neurones d’autant plus que la personne fumeuse est jeune car le cerveau n’a pas fini sa maturation et que tout au long de l’adolescence certaines zones de notre cerveau vont encore « grandir ».

Petit à petit chez le fumeur les récepteurs modifiés et plus nombreux vont réclamer leur nourriture (la nicotine) et la sensation de manque s’installe si ces petites malins qui crient famine ne sont pas saturés par la nicotine : C’est l’explication de la dépendance physique à la nicotine contenue dans la fumée que les fumeurs ressentent s’ils sont en panne de cigarette.

On sait aujourd’hui que plus on commence à fumer tôt, plus ces récepteurs vont être perturbés et plus vite va s’installer la dépendance au tabac. Alors que choisissez-vous ?