24 janvier 2008

Interview du Docteur Kamel ABDENNBI

Le Dr Kamel Abdennbi coordonne depuis 11 ans le concours Classes Non Fumeurs en France. Nous lui avons posé quelques questions, que nous vous présentons dans cette interview.

- Dr Abdennbi, vous êtes cardiologue de formation, pourquoi vous être formé aussi à la tabacologie ?
Je me suis orienté vers la tabacologie aussi car le tabagisme est un puissant facteur de risque cardio-vasculaire, c.a.d. que lorsqu’on fume, on a un risque très important de faire un jour un infarctus du myocarde, endommager son muscle cardiaque et être gêné parfois jusqu’au moindre effort.
Il est donc important de veiller à ce que les cardiaques arrêtent de fumer s’ils sont fumeurs et il est important surtout de les alerter suffisamment tôt pour éviter le tabac et éviter également la crise cardiaque.
Le tabacologue apprend à mieux parler du tabac et à traiter les fumeurs qui souhaitent arrêter.

- Voilà 11 ans que vous coordonnez le concours en France, quelle est votre motivation principale pour ce programme ?
Connaissant la difficulté à arrêter de fumer, je sais que le meilleur traitement est de ne jamais commencer à fumer.
Lorsque j’ai rencontré Meeri Paavola, une finlandaise qui avait lancé « Smokefree Class » en Finlande, j’ai tout de suite compris l’importance de ce concours et la nécessité de l’organiser en France.
J’ai commencé dans la ville de Saint Denis (93) sur 2 collèges puis le département 93, et ensuite le calvados puis enfin sur toute la France - Dom-Tom compris.

- Classes Non Fumeurs est un programme de prévention primaire du tabagisme, qui retarde l’initiation de la cigarette des pré-adolescents, pourquoi est-ce important selon vous de commencer si tôt ?
Il est important d’arriver suffisamment tôt pour « éviter la dépendance » car il suffit de fumer quelques cigarettes pour devenir très vite accro à la nicotine et ne pas pouvoir s’en passer !

- Je crois que l’Algérie met aussi en place le concours, vous pouvez nous en dire plus ?
Dans les pays émergents, l’industrie du tabac est très active pour généraliser la consommation chez les plus jeunes. Aussi, comme le meilleur moyen de prévenir le tabac c’est de ne jamais commencer, il faut mettre en place ce type d’action de prévention et en Algérie, de nombreux amis ont réagi positivement et sont en train de préparer très sérieusement une action au long court nommé « classes sans tabac » qu’ils nous présenteront de façon plus détaillée bientôt.

- Quels messages souhaitez-vous transmettre au personnel éducatif et médical des collèges, qui encadre les classes ?
Je pense qu’ils font un travail formidable ; peut-être parfois ne voient-ils pas tout de suite le résultat de leur engagement mais que leur action est une action de santé publique qui évite un nombre important de nouveaux fumeurs et tout cela dans la convivialité et la pédagogie. Il faut juste souligner qu’il faut persévérer et relancer le plus possible l’action entreprise dans une classe les années suivantes, car la répétition de l’action Classes Non Fumeurs les années suivantes permet de garder la vigilance et préserver les bons résultats en terme de nombre de nouveaux fumeurs évités.

Fumer devient ringard dans notre société d’aujourd’hui, il faut donc tout faire pour que la norme de la classe soit « non fumeur » tôt et vivre avec des copains et des copines « non fumeurs » : ne pas fumer c’est quand même plus classe !